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Macron commémore l'attaque sanglante du péage d'Incarville, un an après
information fournie par AFP 14/05/2025 à 14:13

Le président de la République Emmanuel Macron à Caen le 14 mai 2025 ( POOL / LOU BENOIST )

Le président de la République Emmanuel Macron à Caen le 14 mai 2025 ( POOL / LOU BENOIST )

Un an après la sanglante attaque du fourgon transportant Mohamed Amra au péage d'Incarville (Eure), Emmanuel Macron a inauguré mercredi un état-major de lutte contre la criminalité organisée, avant de déposer une gerbe à Caen en mémoire des deux agents tués.

Cette attaque ultraviolente, commise le 14 mai 2024 par un commando lourdement armé qui avait aussi blessé trois autres agents, a profondément choqué les communautés pénitentiaire et judiciaire.

Quelques centaines de personnes, parmi lesquelles figuraient les trois agents blessés, se sont réunies mercredi à la mi-journée devant le bâtiment du pôle de rattachement des extractions judiciaires (Prej) du centre pénitentaire de Caen, pour l'hommage rendu par le président de la République Emmanuel Macron aux deux fonctionnaires disparus.

Après un moment de recueillement, le président a déposé une gerbe avant de s'entretenir en privé avec les familles des victimes, présentes à la cérémonie. Celles-ci ont demandé à ne pas être photographiées ou filmées durant l'hommage.

"Aujourd'hui, la présence du président montre que, au sommet de l'État, on n'a pas oublié le drame", s'est félicité Emmanuel Baudin, secrétaire général FO Justice, appelant les magistrats à "davantage" recourir à la visioconférence qu'à l'extraction judiciaire. "C'est aujourd'hui le gros point noir", selon lui.

Cette attaque a marqué un tournant dans la lutte contre les narcotrafiquants, érigée en priorité. Fin avril, la loi narcotrafic, portée par deux sénateurs de bords politiques opposés, Etienne Blanc (Les Républicains) et Jérôme Durain (Parti socialiste), a été définitivement approuvée, un succès rare pour le gouvernement.

La mesure phare du texte est la création en 2026 d'un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco), compétent sur les dossiers les plus graves et complexes sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat).

Un "état-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée" (EMCO), sur lequel pourra s'adosser ce nouveau parquet, est créé, composé de 15 personnes issues de 12 services différents, judiciaires et de renseignement, selon l’Élysée.

Un médecin légiste sur le site d'une attaque à la voiture bélier contre un fourgon pénitentiaire, au péage routier à Incarville, dans l'Eure, le 14 mai 2024 ( AFP / ALAIN JOCARD )

Un médecin légiste sur le site d'une attaque à la voiture bélier contre un fourgon pénitentiaire, au péage routier à Incarville, dans l'Eure, le 14 mai 2024 ( AFP / ALAIN JOCARD )

Emmanuel Macron a entamé mercredi ses déplacements par l'inauguration de ce nouvel état-major, installé dans les locaux de la Direction nationale de la Police judiciaire (DNPJ) à Nanterre.

Devant le chef de l'Etat, le patron de la DNPJ Christian Sainte a présenté l'EMCO comme un "outil à la hauteur des organisations criminelles", notant chez ces dernières "l'usage d'une violence décomplexée".

Présents à l'inauguration, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a évoqué une "massification" des quantités de stupéfiants en circulation, notamment via "des dizaines de mules dans chaque avion". Sa collègue chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a renchéri en évoquant une "submersion".

- Plaque à Incarville -

Mercredi matin, une plaque noire saluant la mémoire des deux agents "victimes de leur devoir" a été dévoilée au péage d'Incarville, a constaté l'AFP.

"Notre devoir, à toutes et à tous, est de faire vivre la mémoire de ces héros, de ne jamais oublier ce qu'ils représentaient, de dire haut et fort que la République ne cède ni à la peur ni à la violence", y a déclamé Pascal Vion, directeur interrégional des services pénitentiaires de Rennes, lisant un texte du garde des Sceaux Gérald Darmanin.

Les familles des agents tués avaient fait savoir qu'elles ne souhaitaient pas se rendre sur les lieux de l'attaque, avait indiqué lundi M. Darmanin.

Après Caen, le chef de l'Etat se rendra à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, choisie par le garde des Sceaux pour accueillir les 100 narcotrafiquants les plus dangereux.

Emmanuel Macron à la prison de Caen-Beaulieu, à Caen le 14 mai 2025 ( POOL / LOU BENOIST )

Emmanuel Macron à la prison de Caen-Beaulieu, à Caen le 14 mai 2025 ( POOL / LOU BENOIST )

L'établissement a été vidé il y a quelques semaines de la quasi-totalité de ses occupants et est actuellement en travaux pour renforcer encore plus sa sécurité. Il devrait entrer en service au 31 juillet prochain.

Une autre prison de haute sécurité, celle de Condé-sur-Sarthe (Orne), suivra d'ici mi-octobre pour accueillir également 100 autres figures du narcobanditisme. M. Darmanin a indiqué vouloir créer par la suite d'autres quartiers de haute sécurité dans d'autres établissements.

L'objectif est de placer ces détenus totalement à l'isolement, selon un régime de détention très strict inspiré de la lutte anti-mafia en Italie, qui comprend des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l'extérieur, des parloirs équipés d'hygiaphone, un accès limité au téléphone ou encore des auditions par visioconférence, pour éviter au maximum les extractions judiciaires, moment particulièrement sensible pour l'administration pénitentiaire.

Des dispositions dénoncées par certains observateurs et des avocats comme attentatoires aux droits fondamentaux.

Avec ces mesures, "la République désormais met tous ses moyens" pour qu'une évasion comme celle de Mohamed Amra "n'arrive plus", a déclaré mardi M. Darmanin sur France 2.

Le narcotrafiquant multirécidiviste a été interpellé à Bucarest le 22 février après neuf mois de cavale et remis à la France les jours suivants. A ce jour, les investigations menées par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), ont permis de mettre en examen 38 personnes, dont Amra, et d'en écrouer une trentaine.

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